Tommy, un exemple d’itinérance cachée
Une différence concrète dans la vie des jeunes
Avec le contexte de pénurie de logements qui s’est aggravée durant la pandémie, je voulais témoigner de l’importance d’une place stable dans la réalisation des rêves des jeunes en situation précaire. Je suis allée à la rencontre de Tommy qui m’a ouvert la porte de son studio. J’ai eu le privilège de rencontrer un jeune curieux et motivé.
Tommy est un exemple atypique des jeunes que nous aidons à Dans la rue. Sans avoir vécu directement dans la rue, il a été sans domicile fixe pendant plusieurs années et cette grande instabilité résidentielle a ralenti de beaucoup ses projets d’avenir.
Un nouveau départ après un passé difficile
Dès le début de la visite, Tommy se dévoile à moi en me laissant entrer dans son intimité et en se confiant sur son passé difficile. Il m’avoue que ce n’était pas facile de demander de l’aide au début, mais qu’à un moment donné il s’est rendu compte qu’il en avait besoin. Il ne pouvait plus continuer à vivre avec l’inquiétude de ne pas savoir où il dormirait le soir, toujours à la merci de l’accueil d’un ami ou d’un membre de sa famille pour l’héberger une nuit ou deux.
Il vivait au jour le jour avec son sac à dos comme seul bagage et cette incertitude est venue jouer un rôle majeur dans la dégradation de sa santé mentale. Je suis émue par sa douceur et sa simplicité que je retrouve aussi dans son appartement qui reste très épuré.
La stabilité résidentielle : une ressource majeure pour réaliser ses rêves
Tommy rêvait secrètement de retourner à l’école et de se trouver un emploi, mais sa grande précarité l’empêchait de concrétiser ses ambitions. Un évènement heureux viendra basculer son quotidien. Il est approché par la Coalition Jeunes+, un projet parrainé par Dans la rue, pour partager son expérience d’itinérance cachée et intégrer le groupe de travail. De fil en aiguille, on lui propose un studio subventionné qui se libère dans les Logements de Dans la rue.
« Avoir une aide financière est essentiel pour garder un loyer et pouvoir travailler et aller à l’école en même temps. Depuis que j’ai mon appart, je fais les deux à temps partiel. »
Être impliqué dans la prévention de l’itinérance : sa façon de donner au suivant
Il m’explique qu’il a retrouvé un noyau social avec son implication auprès de la Coalition Jeunes+. Il me dresse un portrait réel de ce qu’un logement peut amener de bénéfique. En effet, depuis qu’il a cette « chance », il a vu une amélioration rapide de sa santé mentale. Il est aussi plus facile pour lui de demander de l’aide et il peut maintenant se projeter dans le futur avec confiance.
« Je ne veux pas que les jeunes vivent ce que j’ai vécu. J’aime être aidé, mais je veux aider aussi. Les jeunes doivent faire partie de la solution. »
Après cette visite, c’était à mon tour d’être fière de faire partie de l’équipe de Dans la rue, qui respecte le rythme des jeunes sans-abri et leur donne une seconde chance. Il est vrai qu’il est rare d’atteindre ses rêves du premier coup, mais il est toujours plus facile d’y arriver lorsque des mains bienveillantes se tendent sur notre chemin.
Eliza Moses, conseillère principale, Communications, Dans la rue